Depuis quelques temps … j'étais assez gênée. Je ne savais pas comment l'expliquer c'est compliqué. Mais … disons que je me sens un peu particulière. Différente. Et surtout, je le vois un peu partout. C'est souvent flou et brouillé. Mais je sais que c'est un beau blond aux yeux bleus. Je le vois dans les salles de tribunal, au supermarché quand je vais faire mes courses, chez mon médecin dans la salle d'attente. Partout, et je ne sais pas qui il est ni d'où il vient. Et je ne sais pas pourquoi. Peut être que c'est une chose subconsciente. Je devrais peut être voir un psychologue? Mais je n'avais pas la moindre envie que ça se sache. Et surtout que Bryan le sache.

Pourtant c'est assez handicapant. Parce que j'ai du mal à porter mon alliance. La trace noire et indélébile sur mon doigt m'en empêche. Je le fais quand même quand il faut que ça soit vu, mais … sinon j'ai l'impression que ça me brûle la peau. Mais je ne sais pas trop ce que je peux faire. L'avocate célèbre que je suis … ne peux pas avoir des problèmes de famille, imaginer d'autres hommes. Parfois je le vois même dans les moments les plus intimes de notre vie. Mais je ne distingue jamais son visage. C'est très flou. Alors je m'arrange pour faire comme si je ne le voyais pas. Comme si de rien n'était.

« Mon chéri? » dis-je à Bryan à la table du petit-déjeuner. Il me répondit très simplement avec des yeux plus amoureux que jamais. Je dépose un tendre baiser sur ses lèvres et le regarde « J'ai rendez-vous chez le médecin aujourd'hui. » voilà quelques temps que nous parlions d'avoir des enfants. Et je voulais mettre toutes les chances de notre côté. Je savais qu'il en voulait. Je l'aimais alors, pourquoi attendre. Un large sourire aux lèvres il me dit qu'il avait hâte qu'on s'en occupe. Je n'avais pas de dossier en ce moment et je passerai donc de matin. « Je vais aller faire le test de fertilité » un lare sourire illumina mon visage alors qu'il me disait que l'on se retrouverait donc après pour manger. Il me disait de me détendre et de ne pas penser à tout ça. Un baiser sur mon front et il était déjà parti. « A ce midi mon chéri » dis-je alors qu'il franchissait le seuil.

J'avais rendez vous dans trois quart d'heure. Alors je me préparais rapidement. Un tailleur, j'aimais rester élégante, où que j'aille. Ça faisait peut être un peu strict parfois, mais … trouvez ça bizarre ou pas, j'avais envie que ce test soit positif et je pensais que peut être ça pourrait changer quelque chose. Noir avec chemise cintrée. Une queue de cheval pour ne pas m'embêter et de petits escarpins noirs vernis. Je pris la voiture et me garais devant le cabinet médical. L'examen se passa … bien. Bon si on peut appeler ça comme ça. Je vous raconte pas hein. « Merci docteur j'attends votre courrier. » un sourire aux lèvres et de la documentation dans les bras je me dirigeais vers le parking. Mais voilà qu'on me renverse. Oh rien de bien grave. Juste une bousculade, mais … voilà que les prospectus sur la fertilités pleuvent dans la rue. Dans le genre discret on repassera. Je soupire mais pas rancunière ramasse lentement les papiers. « Excusez moi je ne regardais pas vraiment où j'allais. » puis je levais les yeux vers la personne qui venait de me bousculer.

Non mais vraiment je ne suis pas une empotée d'habitude. Et là, si. Ces papiers qui s'envolaient. Heureusement qu'il n'y avait pas de vent hein? Fiou je me sentais un peu gênée. Mais que voulez vous. Je crois que je suis un peu perturbée ce matin, il faut dire qu'on vient de me faire un test dont j'attends avec impatience le résultat. J'espérais que ça soit positif, que je puisse avoir un enfant avec Bryan. Parce que je ne voulais que ses enfants. Du moins, la nouvelle personne que j'étais le voulait. Je n'avais pas spécialement l'impression d'avoir la fibre maternelle, mais en ce moment c'était un besoin viscéral. Comme si tout en moi criait, hurlait qu'il voulait être l'hôte d'un petit bébé. Et comme j'étais prévoyante, je ne voulais pas être de ces personnes qui essayaient en vain avant de se demander s'il y a un problème. Non j'avais toujours été prévoyante. Rien en moi ne criait l'imprévisible. Et pourtant je savais le gérer mieux que personne. Si je pouvais éviter la déception et la douleur, je le ferais.

Je soupirais doucement, la personne dans qui j'avais rentré. Ou qui m'était rentrée dedans. A vrai dire je ne sais pas vraiment qui a bousculé qui en premier. Mais c'est pas vraiment des plus importants non plus. Je m'excusais cependant et il me disait de ne pas le faire. Immédiatement sa voir provoqua en moi une attention particulière. Pourquoi? Aucune idée. Parce que des voix j'en entendais pas mal toute la journée. Bref, passons comme ont dit. Il m'aidait à ramasser les papiers et je me mis à rougir en réalisant qu'il avait entre ses mains des papier pour la fertilité féminine. C'était un peu comment dire … gênant, non? Quand il se releva et que je vis son visage. Je suis frappée. C'était lui? Même si je ne voyais son visage de manière très floue. J'étais certaine que c'était lui. Je me sentais encore plus gênée. J'avais vu son visage dans tellement de situation diverses et variées. Dans des moments intimes, dans des moments tristes ou émotionnels. Je … me demandais s'il pouvais m'avoir vue aussi pendant ces moments là. Non pas possible hein?

C'était tellement étrange. Je l'avais vu si souvent que c'est un peu comme si je le connaissais. J'avais l'impression de le connaître. Mais je ne le connaissais pas. C'était vraiment étrange, mais je suppose que ça peut arriver. On dirait un genre de film. Vous savez ils s'aimaient mais sont devenus amnésiques et maintenant ils ont l'impression de s'être connus, c'est vrai. Mais ils ne le savent pas! Enfin heureusement que ce genre d'histoire ne sont que des films hein. C'est bien trop compliqué pour être vrai. Franchement on se demande où est-ce que les scénaristes vont puiser leur inspiration. Toujours est il que je l'observais. Peut être de manière très peu … déguisée. Peut être même que je le matais, je ne sais pas trop. Je n'étais pas trop moi même depuis que j'avais posé mes yeux sur lui. Plus qu'avant ces prospectus me gênaient. Un bref sourire et je pris ceux qu'il me tendaient.

« JE … oui heu pardon. Enfin je veux dire, merci beaucoup. » je n'arrivais pas à ne plus le regarder. Maintenant c'était comme une évidence. C'était lui que je voyais. Mais pourquoi? Un délire fantasmagorique? Moi qui pensais qu'il n'était que le fruit de mon imagination. Pourtant il était réel. En face de moi. Je pouvais le toucher si je voulais. Enfin je ne le ferais pas, mais … vous m'avez saisie. Je baissais donc les yeux vers cette main qui m'avait tendu tout les papiers et ce que je vis m'estomaqua. Laissant à nouveau les papier choir par terre je ne pus m'empêcher de saisir sa main. Il … il avait lui aussi un anneau noir tatoué autour de l'annulaire. C'était une sorte de mode il y a quelques temps ou pas? Bryan était un peu plus vieux que moi, nous n'avions pas le même âge ensemble. « Pardon, enfin je veux dire, vous avez fait ce truc quand? » demandais-je en ne lâchant pas sa main mais en le regardant. « Parce que … » je levais ma main en l'air, pour lui montrer, la même chose que j'avais moi même. « C'était … une mode? » pour moi … d'après ce dont je me souvenais … j'étais bourrée à une soirée et je me suis réveillée avec ça. Et j'avais le souvenir que certaines de mes soirées en fac de droit ont été tellement arrosées que ça ne me surprenait pas. Même s'il y avait toujours eu un truc bizarre pour ce tatouage … Là c'était totalement improbable.