Abattu par les récents évènements, Adam s’était laissé tomber sur le lit, fixant le plafond de cette chambre d’hôtel, qui ne valait en rien son prix. Il était fatigué, s’il avait continué si longtemps, c’était l’espoir, l’espoir de la retrouver un jour, qui l’avait tenu debout. Mais maintenant… Il avait beau l’avoir retrouvé, elle ne semblait pas le reconnaître et encore moins vouloir de lui. Tout espoir s’était envolé. Comment est-ce qu’elle ne pouvait pas se souvenir de lui, d’eux… Leur amour était quand même plus fort que le temps ? Il l’avait aimé de tout son cœur, et elle aussi, du moins c’était ce qu’il avait toujours pensé. A force de se poser milles questions, Adam avait fini par fermer les yeux et à s’endormir. Un rêve plaisant, un doux souvenir du passé. Malheureusement ce rêve était une torture, car en se réveillant il devait se faire à l’idée qu’elle n’était pas là. Pas de silhouette qui sortait de la salle de bain, pas de Gabrielle à côté de lui. Et tout ça était de sa faute…. Il l’avait laissé, il l’avait l’abandonné. Contre toute volonté, certes, mais est-ce qu’elle le savait ça ? Se frottant les yeux, il se levait doucement. Il se réalisait qu’il l’avait abandonné, il n’avait pas su tenir ses promesses. Il lui avait dit qu’il serait toujours là pour elle, mais cela n’avait pas été le cas. Et il s’en voulait. Il en voulait à Dieu, il en voulait au monde entier de l’avoir séparé de la seule chose à laquelle il tenait. Et subitement la lampe de chevet volait contre le mur. Il était en colère, en rage, mais brisé à l’intérieure. Et il devait quitter cette pièce, il s’en foutait qu’il n’était que trois heures du matin, il avait besoin de sortir, rester dans cette pièce n’aidait à rien.

Abandonnant la chambre dans un piteux état, les mains dans les poches, il marchait dans les rues de la ville. Il ne croisait personne, tout le monde dormait. Ses jambes l’amenaient chez elle. Depuis leur dernière rencontre, il l’avait suivi, il devait savoir où elle habitait. Et comme un voleur dans la nuit, il se tenait là, dans le jardin à fixer cette maison. Cela le démangeait de ne pas pouvoir être près d’elle. Lorsque la lumière s’allumait dans la maison, il se cachait derrière un arbre, tout en gardant la maison à l’œil. * Tu sais que tu ressembles à un psychopathe, à rester caché dans le jardin en pleine nuit..* Oui, il se rendait bien compte de ce qu’il faisait, mais c’était plus fort que lui. Et tant pis si on l’enferme, de toute manière si il ne pouvait pas être avec elle, il s’en foutait bien de ce qu’il pouvait devenir. Sans elle, il ne pouvait pas vivre. C’était grâce à elle qu’il avait réussi à survivre pendant toutes ses années. Il remarquait sa silhouette derrière une fenêtre et il n’en pouvait plus. Les nuits sans sommeil, la rage, la peine, le désespoir, tout cela le poussait à sortir de sa cachette et à rentrer dans la maison. Au fil du temps, il avait appris à crocheter quelques serrures et celle-ci était vraiment une facilité. La porte s’ouvrait et il fit quelques pas. Restant cependant à une certaine distance d’elle. Il craignait déjà comment cela allait se terminer. Un cri, la police et lui derrière les barreaux. Mais tant pis. Si ça devait arriver, alors qu’il en soit ainsi. Mais il n’eut pas de cri, seulement le brisement du verre. Adam restait là, debout, à la fixer. N’osait rien dire. Adam… Au moins elle se souvenait de son nom. Finalement il fit quelques pas en avant, afin qu’elle puisse mieux le voir. Pourquoi c’était si dure ? Il n’osait pas dire un mot. De peur de dire un mot de travers, de se réaliser à nouveau qu’il ne représente plus rien pour lui. Mais il se sentit ridicule. Il n’était pas rentré pour rester figé devant elle. Finalement il rompit le silence.

« Je suis désolé, je ne voulais pas t’effrayer. »

Ca faisait mal, très mal. Et c’était difficile. La sentir si près, l’avoir à bout de toucher et pourtant ne pas oser la toucher. De peur qu’il la brusque, de peur de la perdre… A nouveau et à tout jamais. Mais peut-être est-ce que c’était déjà le cas. Peut-être est-ce qu’il l’avait déjà perdu pour toujours, mais qu’il était trop buté pour voir la vérité en face. Vérité qui lui enlèverait chaque trace d’espoir, toute raison de vivre. Car s’il avait tenu jusqu’ici, c’était pour elle, pour eux… Mais si elle ne se souvenait plus de lui, d’eux… Peut-être alors… tout espoir était perdu ? Il était resté immobile, parce qu’il avait peur de la faire fuir, comme cette après-midi, parce qu’il avait peur de ses propres pulsions qui l’obligeaient à vouloir s’approcher d’elle, de la toucher, de la prendre dans ses bras, de l’embrasser… Mais ca… C’était impossible. Elle finit cependant par le dépasser pour s’enfoncer plus loin dans le jardin. Adam se tut et se contenta de la suivre, alors qu’après quelques secondes elle finit par lui parler du jour ou il était parti. Pendant un court instant il cru la retrouver, il pensait qu’elle lui avait fait une cruelle blague, pour lui faire comprendre combien elle avait souffert de son absence, mais la suite de ses paroles brisaient cette bulle d’espoir. Non, elle ne se souvenait toujours pas d’eux. Et Adam ne savait pas quoi dire. Son regard fixé sur le lac, il finit par trouver le courage de parler.

« C’était le dernier jour… que je t’ai vu… On m’a kidnappé et j’ai été torturé pendant des mois, des années, j’en ai perdu la notion… Quand je suis revenu… Tout ce que j’avais avait disparut. Plus de maison, plus de nom, plus de femme. »

A ce mot, le regard d’Adam s’attardait un long moment sur Gabrielle. Bordel qu’est-ce que c’était dure. Il sentait son odeur, son parfum, il avait tellement envie de... Il soupirait et sortait une feuille photo d’eux. La seul qu’il avait. Et la seul qui semblait encore exister, la seul preuve de leur passé ensemble. Il lui montrait la photo.

« On était heureux… Du moins je le pense… »

Il s’agenouillait près d’elle. Sans elle, il était perdu et il le savait. Elle était tout pour lui. Comment est-ce qu’elle avait pu oublier tout ca ?

« Je ne comprend pas comment tu as pu oublié tout ca…. Qu’est-ce qui s’est passé Gabrielle ? »