Ma journée s’annonçait bien, pas de sentiments étranges, pas de maux de tête et pas de souvenirs contradictoires. Une journée comme je les aimais. J’avais déposé mon fils à la garderie avant d’enfiler ma veste de médecin et d’aller à l’hôpital. La section des urgences était comme le mot le disait presque une section de folie. Tout devait vite se passer et on ne connaissait pas de calme. Mais j’aimais ça. Le stress, l’adrénaline, c’était aussi ici qu’on sauvait le plus de vies. Et c’était un métier que j’adorais. D’autant plus que lorsque je l’exerçais je n’avais pas l’impression de « ce n’est pas moi » Car bien sûr que c’était moi, c’était moi tout crashé. Du coup, je n’avais pas des souvenirs instables qui venaient semer la zizanie dans mon cerveau.

La matinée se passait en toute tranquillité. Quelques blessures qui avaient besoin d’être prise en main. Une jambe cassé… rien de ne bien grave. Mais c’est à ce moment-là qu’on m’interpellait.

« Docteur O’Brien ! » Je m’étais retourné pour faire face à l’infirmière qui m’avait appelé. Mon regard interrogateur la poussait à s’exprimer. « Un bus de transport avec des patients d’un centre psychiatrique a eu un accident de la route, ils nous les amène. » Ah super ! Des fous ! Et moi qui disais que les urgences s’étaient de la folie, j’aurais mieux fait de me taire. J’hochais la tête.

Et quelques instants plus tard, la folie débarquait à l’hôpital. La plupart des patients n’avaient que quelques égratignures et des bosses, par contre il y en avait quelques-uns qui étaient en piteux état et qui devait immédiatement se faire opérer. Je m’adressais à une infirmière tout en amenant un des patients vers le bloc opératoire.

« Appelez le docteur Taylor pour qu’elle vienne au bloc opératoire. »

Je n’étais par chirurgienne et même si j’avais appris pas mal de bases, aucun cheveu sur mon crâne qui pensait à opérer quelqu’un, et surtout pas une opération si délicate. L’infirmière endormait déjà le patient, lorsque subitement ce dernier agrippait mon poignet avec une force incroyable. Je grimacais, mais impossible de retirer ma main tellement qu’il serait fort. « Je te connais, toi. » Je le fixais des yeux, j’en doutais fort. J’avais jamais mis les pieds dans un asil de fous. « Vous devez me confondre avec quelqu’un… S’il vous plait lachez-moi. » Mais le patient semblait être vraiment sure de lui, et n’arrêtais pas de répéter qu’il me connaissait. « T’es Sydney » Je fus surpris, et mes yeux allaient vers mon badge. Mais non, il n’y avait qu’O’Brien dessus. Pas de prénom…